Interview avec Zak Koné, ancien étudiant de la formation courte Fashion Studio
Publié le 15/08/2018
Il arbore un style bien à lui et est la fierté de la Côte d’Ivoire. Le talent aidant, tout réussit au styliste Zak Koné, créateur en pleine ascension d’une mode féminine chic et glamour, dont la marque PELEBE a permis à Miss Côte d’Ivoire 2015, Andréa Kakou, de se hisser dans le top 10 des stylistes du concours Miss Monde.
Pourriez-vous d’abord vous présenter et nous en dire plus sur vous, sur votre vie aujourd’hui et votre carrière ?
Je suis un styliste ivoirien autodidacte de bientôt 30 ans et depuis mon passage à IFA à Paris, me voici couturier ! Depuis 2013, avec ma petite équipe, nous avons lancé les ateliers Zakstyle en vue de produire la ligne de créations et de collections sur mesure, de robes de cocktails et de grand soir PELEBE. Auparavant, j’ai beaucoup appris de mon mentor, une désigner d’origine ivoirienne du nom de Aya Konan, que je considère aujourd’hui comme une mère.
Vous êtes originaire d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Pourriez-vous nous dire deux mots d’Abidjan ? C’est là que vous avez grandi et toujours vécu ?
Nous autres, Ivoiriens, de la façon la plus générale, voyons Abidjan, notre capitale, comme une ville émergente, très dynamique économiquement et culturellement. Les communautés y sont plus en plus ouvertes d’esprit, ouvertes également sur le monde. J’ai quant à moi vu le jour dans une ville appelée Man, dans une autre région du pays, et je n’ai gagné Abidjan qu’en 2002 afin de poursuivre mon cursus scolaire.
Comment êtes-vous arrivé à la mode ? À quand remonte le déclic chez vous ? Est-ce une passion qui remonte à loin ?
C’est intéressant car véritablement, je ne suis pas arrivé à la mode… En fait, je crois bien avoir toujours été, très modestement, dans la mode – sans doute la mode a-t-elle toujours été en moi. J’ai toujours su ce que je voulais faire, dès mon enfance, j’étais décidé à évoluer dans cet univers. Donc, il n’y a pas eu de déclic. Une passion lointaine ? Je ne sais pas mais mes premières esquisses datent, selon ma maman, de l’âge d’environ 6 ans – je ne m’en rappelle plus trop précisément…
Vous avez effectué le Programme Court Fashion Studio d’IFA Paris. Que vous a apporté cette expérience ?
Effectivement, de mars à mai 2017 j’ai suivi le Programme Court Fashion Studio d’IFA Paris, un apprentissage aux techniques de la couture et de la mode à Paris. Ce fut pour moi une grande révélation, une manière de concrétiser pour moi tout ce que je ressentais en matière de création. Aujourd’hui, dans mon travail, je ressens tout ce que cette formation a changé dans mes méthodes de travail à l’atelier. Comme une réponse à toutes les questions que je me posais sur les concepts de l’habillement. Mais il me faut maintenant obtenir le Cycle Expert d’IFA Paris ! Et je vise celui intitulé « Marketing de la mode et du luxe », afin de mieux maîtriser les codes de l’industrie du luxe, en vue aussi de m’aider dans ma quête de qualité et dans le positionnement de la ligne PELEBE, celle d’un luxe « made in Côte d’ivoire » !
Vous êtes le créateur de la marque PELEBE. Ce nom a-t-il une signification particulière ? Et quelle est l’actualité récente de la marque ?
PELEBE est un prénom dans le dialecte de l’ethnie Senoufo, établie surtout dans le nord de la Côte d’Ivoire, dont je suis originaire. Il signifie « fusion de frères », « fusion de la fratrie. » C’est un nom symbolisant la fratrie, la complicité et l’union fraternelle. C’est aussi le prénom que j’ai hérité du père de mon papa. Pour la petite histoire, ce dernier, mon grand-père, après une grosse dispute familiale, a été un jour battu, déshabillé et déshérité par ses frères aînés. Il fut laissé sans vêtement, sans rien. Un voisin, ce jour-là, s’était approché et lui avait offert le vieux manteau d’un colon français. Ce fut son seul vêtement, jusqu’à sa mort. Aussi n’est-ce pas un hasard si moi, aujourd’hui, enfant de son premier fils, qui a hérité de son prénom, Pelebe, fasse des vêtements. Je trouve cela spirituel non ? Comme une évidence. Je me suis dit que ce devait être la revanche positive de la vie. Comme si, d’une certaine façon, j’avais ramené mon grand-père à la vie, sous la forme d’une marque de vêtement. Comme si lui qui avait été mis à nu rhabillait dorénavant le monde ! C’est un hommage à la vie.
Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
Pour moi, tout est inspiration, une image, une couleur, une personne, une histoire… Je laisse en permanence tous mes sens s’éveiller dans mon processus de création.
Quels sont vos objectifs avec PELEBE ? Et votre actualité du moment ?
Aujourd’hui, PELEBE est une ligne de sur mesure qui a pour seule mots d’ordre : le style, le chic et la qualité. De nouvelles lignes de prêt-à-porter verrons le jour bientôt j’espère. Avec PELEBE, nous espérons, avec mon équipe, prouver que de nos jours en Afrique, et surtout en Côte d’Ivoire, une réelle industrie créative est en marche – en oubliant au passage tous ces codes de folklore et de traditions primaires nous collant à la peau. Aujourd’hui, l’Afrique est jeune, dynamique et bien au fait du jour. C’est notre leitmotiv.
L’une de nos dernières collections de prêt-à-porter a pour nom « Chocolat. » C’est la première collection aboutie de PELEBE. Je suis heureux du travail du photographe libanais Bilal Moussa, Africain de cœur, qui a su capter la collection en images. Le shooting a eu lieu à Casablanca, au Maroc, dans une médina.
Y a-t-il un rêve que vous aimeriez aujourd’hui réaliser en tant que créateur et styliste indépendant ?
Un rêve ! Oui : imposer un style nouveau en matière de mode, l’africanisme, le made in Africa, un style africain, au nom de l’industrie de la mode africaine… Vous constatez donc que je nourris davantage des ambitions que des rêves !
On sait que la scène mode africaine est très dynamique et vous-même en êtes aujourd’hui l’un des stylistes symboles. Quelle est la situation actuelle de la scène mode en Côte d’Ivoire ?
En Côte d’Ivoire, parler de « la mode Africaine » est désormais un peu trop réducteur selon moi. Nous autres, stylistes, devrions d’avantage œuvrer pour une « industrie de la mode en Afrique. » Pour moi, ce sont bien deux choses différentes. La mode est universelle et ne devrait pas se prêter à telle région. Au substitut « mode africaine », je préfère parler de mode tout court. Par contre, il nous faut imposer le style africain ! Nos codes, notre culture et notre histoire font toute notre force et expliquent tout l’engouement autour de notre continent !
Pour en savoir plus sur la formation suivie par Zak : Formation Courte Fashion Studio