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Interview avec Siddhie Mhambre, diplômée du MBA Management des Marques de Luxe

Siddhie Mhambre, originaire de Bombay, a concrétisé son rêve : devenir actrice - elle est devenue une célébrité en Inde, tout en s'activant en parallèle dans l'industrie de la mode et du luxe. Elle a aussi co-fondé le studio d'animation 88 Pictures, retenu sur un projet clé par Dreamworks TV diffusé sur Netflix.

Aviation, service, mode, divertissement… Vous avez acquis beaucoup d’expérience dans quantité de domaines, Mais tout d'abord, vous êtes née à Bombay. Racontez-nous en deux mots votre enfance et votre adolescence en Inde…

Siddhie Mhambre : J’avais la vie d’une petite citadine. J’étais une enfant curieuse, posant des questions. J’étais rêveuse et j’ai passé mon temps, en grandissant, à élaborer les aspirations de tout ce que je voulais faire plus grande. Encore gamine, je me souviens de ma mère qui m’habillait comme une princesse à chacun de mes anniversaires. Elle aimait toujours me voir bien habillée et a toujours eu un goût assez select en choisissant mes tenues. Et maintenant, quand je me souviens qu’elles étaient vraiment fantastiques, je me dis que cela a dû laisser des traces et m’influencer positivement en matière de mode et de style. Enfant, debout devant un miroir, j’imitais des scènes de film, sans trac d’être sur scène. Mon goût pour la mode s’est développé alors, quand j’étais enfant. Des années plus tard, j’ai eu la chance de développer cette passion pour en faire une partie de ma profession. Finalement, ma quête d’une vie heureuse et mes objectifs de carrière, sans doute ambitieux, m’ont permis d’aller d’un lieu à l’autre.

Siddhie Mhambre

Diplômée du Lycée Saint-Anne à Bombay, vous êtes entrée à la Faculté Sophia du design de mode. Vous aviez déjà une passion pour la mode à cette époque ?

Siddhie Mhambre : J’ai grandi dans le quartier suburbain de Bombay appelé « South Mumbai. » Le style de vie y était assez élitiste. Enfant, j’avais l’habitude de regarder et d’admirer, dans des fêtes et réunions, des adultes toujours bien habillés. Je ne savais pas ce qu’était la mode, que ces gens étaient à la mode. Mais j’ai toujours pensé, depuis, que les gens riches portaient de beaux vêtements. Tout ce que je voulais, moi, c’était grandir rapidement et m’habiller comme eux. Durant mes études, j’ai reçu une offre pour apparaître comme mannequin dans le défilé de mode d’une marque connue. Je me suis retrouvée en photo sur des panneaux publicitaires dans toute la ville. J’ai reçu des compliments, des offres. C’était ma première exposition dans le monde de la mode, du glamour et du style. J’ai commencé à me demander comment étaient conçus ces beaux vêtements. Cela a influencé, inconsciemment, ma décision de mieux connaître le secteur de la mode. Mon objectif principal était alors d’étudier le stylisme des robes, avec l’envie assumée d’être toujours en vogue !

Siddhie Mhambre

En 2014, après avoir obtenu votre diplôme de l'Université de Bombay, vous avez rejoint IFA Paris et effectué un MBA en Management des Marques de Luxe. Une expérience salutaire ?

Siddhie Mhambre : Les mondes de la mode et du luxe m’ont toujours fasciné ! Comme actrice, j’utilisais toutes sortes de marques et m’intéressais à la mode la plus récente. Les marques étrangères de luxe étaient encore limitées en Inde et des gens comme moi allaient dépenser des dollars ailleurs pour les obtenir. Puis, j’ai fait une pause et ai voulu étudier et mieux comprendre le monde de la mode d’un point de vue global – afin, aussi, de pouvoir utiliser ces connaissances en vue de bâtir un projet pour le marché indien. C’est ce qui m’a poussé à rejoindre IFA Paris et à étudier les métiers de la mode et du luxe, dans l’une des meilleures écoles du monde ! Le MBA de IFA Paris et les cours de management des marques de luxe m’ont apporté une perspective globale grâce aux modules d’enseignement de l’école à Shanghai, à Paris et Bangkok. Connaître de près le monde des marques de luxe, différentes cultures, rencontrer des étudiants issus de diverses parties du monde, a été une expérience forte. Un moment inoubliable fut notre visite à la première Maison Louis Vuitton à Paris (à Asnières, ndlr). Qui dans le monde aurait pu imaginer pouvoir visiter un tel endroit ! Dans le cadre de mon projet de fin d’études, j’ai rédigé une thèse intitulée Luxury Says – Namaste India ayant impliqué l’étude approfondie de la présence de marques de luxe en Inde. Tout cela, à vrai dire, avec l’intention d’entrer, tôt ou tard, dans le monde des affaires du luxe et de la mode en Inde.

Pourquoi avoir rejoint peu de temps après une compagnie aérienne ? Vous étiez attirée par ce secteur ? Que retenez-vous de vos fonctions chez Qatar Airways et Kingfisher Airlines ?

Siddhie Mhambre

Siddhie Mhambre : Oui, faire carrière dans l’aviation était aussi un rêve. Je voulais voyager dans le monde, étudier diverses cultures, voir de près différents modes de vie, d’autres tendances. En fait, ce fut ma première véritable expérience professionnelle. Travailler dans l’aviation, au sein de marques connues, m’a aidé à développer ma personnalité. On découvre ce que veut dire le mot sophistication et l’on devient aussi citoyen du monde. Ma carrière dans l’aviation m’a beaucoup aidé par la suite. Les fondamentaux que j’ai appris dans un emploi aussi exigeant furent essentiels.

Vous êtes assez incroyable, en tout cas hyperactive, car dans le même temps, vous étiez aussi une actrice indépendante, pendant six ans n'est-ce pas ?

Siddhie Mhambre : Devenir actrice a été un heureux accident, mais c’était aussi un rêve caché en moi, qui devait se réaliser un jour ! Comme je l’ai mentionné, enfant, j’imitais les scènes des films de mes actrices préférées. Je participais aussi à beaucoup de pièces au sein de l’école et de l’université. Jouer devant le public ou devant une caméra est très naturel pour moi. En plus, j’ai commencé à participer à des défilés de mode et à de plus en plus de publicités. Un jour, en vol, un réalisateur m’a même proposé un rôle !

Siddhie Mhambre

Être actrice a été pour moi un passe-temps et une passion. Je suis apparu dans des films, des vidéo-clips musicaux, dans des publicités. Et j’ai été en mesure aussi de mettre la main sur les dernières tendances en matière de mode – et en faire profiter ma garde-robe ! Je gagnais bien ma vie et, comme durant mon enfance, étais toujours bien habillée. Mais vous savez, la vie d’une actrice peut s’avérer difficile, car les médias vous poursuivent toujours. On suit les dernières tendances et la garde-robe doit être en constante évolution et réapprovisionnement. Vous ne pouvez pas porter une deuxième fois en public ce que vous avez déjà porté une fois. Vous pouvez imaginer ce qu’était alors la taille de ma garde-robe !

Ensuite, mi-2016, vous avez créé une entreprise avec votre mari, 88 Pictures, un studio d’animation. Quelle aventure !

Siddhie Mhambre : Compte tenu de mes antécédents et des connaissances acquises à IFA Paris, j’ai cofondé en août 2016, avec mon mari, à Bombay, un studio d’animation, 88 Pictures (EightyEight Pictures Media & Entertainment Pvt. Ltd). Notre studio a obtenu un financement de série A et la commande d’un projet prestigieux, appelé Trollhunters, de Dreamworks Television, pour une diffusion sur Netflix. Or, Trollhunters a remporté plusieurs prix internationaux (Annie, Emmy Awards), ce qui explique notre niveau d’expertise aujourd’hui. En fait, notre studio peut se vanter d’avoir en son sein certains des meilleurs talents créatifs de l’industrie indienne de l’animation. Je gère la partie créative et je supervise les opérations. La division 88 Pictures IP, que je dirige, développe surtout des concepts dans l’animation pour enfants. Et nous envisageons de nous développer dans d’autres genres, avec des offres différenciées, afin de mieux capter l’attention d’un public mondial. Nous explorons certaines plateformes en ligne dédiées à l’animation et offrant des perspectives intéressantes. Les contenus des nouveaux médias sont un marché prometteur dans lequel nous allons nous engager prochainement.

Siddhie Mhambre

Comment voyez-vous évoluer le marché indien ?

Siddhie Mhambre : J’ai fait beaucoup de recherche pour mon projet de fin d’études sur le marché indien et il était fascinant de voir comment les marchés de la mode et du luxe ont changé ces dernières années. Je recommande à quiconque veut comprendre ce marché de lire ma thèse de fin d’études. Les grandes marques font face à d’énormes défis en Inde, compte tenu des goûts très variés des consommateurs indiens. Avec tant de diversité ethnique, de régions, de statut sociaux, d’écarts de pouvoirs d’achat, le marché indien est complexe. Mais il reste attrayant. Les cinq prochaines années seront intéressantes dans ce contexte de développement économique, avec une augmentation significative de nouveaux clients et l’augmentation globale du pouvoir d’achat. L’Inde est un marché très diversifié, très créatif, certes difficile mais il évolue très rapidement.

Siddhie Mhambre

Je veux pour ma part créer et apporter quelque chose d’unique sur ce marché, qui soit « glocal », du global au local. C’est mon thème de travail et je veux créer en ce sens un projet transcendant les tendances, le style, l’esthétique, l’artisanat, englobant le monde et les consommateurs indiens !

La rumeur dit que vous avez aussi l’intention de créer une marque haut de gamme pour les femmes…

Siddhie Mhambre: Le luxe et la mode sont mon premier amour et je crois que la créativité me vient assez naturellement. Maintenant que notre activité dans l’animation est bien partie, il est temps que je revienne à ce que j’ai appris à IFA Paris et que j’ai bien connu comme actrice : la mode. Après IFA, j’ai travaillé sur la stratégie marketing d’un produit de niche premium pour le marché indien. Je suis toujours dans la phase de recherche et disposerai d’un plan d’exécution dans les prochains mois. Je ne peux pas encore divulguer ce que j’essaie de bâtir en ce moment. Mais cela sera certainement le prétexte pour une prochaine interview !

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