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Interview avec Sabrina Douglas-Jones, diplomee du MBA Management de la Mode

Interview avec l’entrepreneure Sabrina Douglas-Jones, ancienne étudiante de IFA Paris. Une leçon de volonté, de passion, de marketing et sens des affaires.

Pourriez-vous vous présenter d'abord? Comment avez-vous commencé votre carrière ?

Sabrina Douglas-Jones : Au début des années 2000, j’ai débuté ma carrière en Allemagne chez Siemens et Fujitsu Siemens dans le marketing de produits. En 2006, on m’a offert le rôle de Key Account Manager pour DB Schenker à Shanghai. À l'époque, je n’avais guère l’Asie en tête. C’était une offre soudaine et intriguée par une première visite sur place, j’ai décidé de tenter ma chance : il s’est avéré que c’était l’une de mes meilleures décisions, même si je quittais ma ville natale, ma famille, mes amis... Mon parcours chez DB Schenker Shanghai s’est vite développé. Je suis devenue la plus jeune Global Account Manager au sein de l’organisation ! En 2009 et 2010, on m’a confié la responsabilité de l’ensemble des activités Asie-Pacifique pour ce compte. Mais quelque chose me manquait. Je sentais que j’étais trop éloignée des utilisateurs finaux. Mon rôle était trop abstrait, trop détaché du marché. J’ai donc démissionné et ai poursuivi des projets de terrain : consulting pour NBC aux Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver, photographie et même bénévolat dans un orphelinat en Chine. A ce moment où je tentais de trouver « mon moi-même et ma passion », je suis tombé sur le MBA en Management de la Mode d’IFA Paris, lequel m’a tout de suite motivé. Pourquoi ? Parce que j’ai toujours aimé la mode et pense aussi avoir le sens des affaires ! La mode, c'est l’innovation, elle est présente aujourd’hui dans tous les aspects de nos vies, des vêtements aux voitures ou au café. L’idée d’étudier en partie aussi en Italie, à Florence, me séduisait. Les structures des cours et les modules, tout semblait correspondre à ce que je cherchais. J’ai pensé que ces études m’aideraient dans ma carrière.

Sabrina Douglas-Jones avec Sissi Johnson, camarade de classe à IFA Paris et consultante en stratégie de marques

Comment avez-vous ensuite réussi à intégrer le géant Swarovski?

Sabrina Douglas-Jones : Après mon diplôme, j’ai pensé intégrer divers secteurs. Cependant, c’est à Shanghai que mon réseau était le plus fort. J’ai passé plusieurs entretiens dont un chez Swarovski Asia. Au terme d’un processus d’évaluation assez intense, j’ai décroché le poste chez Swarovski : Senior Manager chargée de la stratégie pour l’Asie du nord, en lien direct avec le conseil d’administration. Bref, je me sentais comme une entrepreneure au sein de l’entreprise – mettant en place des projets pilote en Asie bénéficiant à l’entreprise dans le monde entier. La mise en œuvre de la stratégie portait sur deux activités majeures au sein de Swarovski : les cadeaux d’entreprise professionnels B2B et l’activité appelée Finished Jewellery Solutions. La stratégie dite Corporate Gifts était explicite et avec les bonnes agences, elle peut aboutir à une démultiplication des activités de l’entreprise. Avec l’activité Finished Jewellery, on fournit aux détaillants une solution de guichet unique afin d’augmenter les ventes au mètre carré dans le magasin, en misant sur l'image de marque de Swarovski.

Sabrina Douglas-Jones

L’essentiel, avec cette activité, était de tout gérer entre les parties prenantes en commençant par s’assurer que les licences commerciales respectives étaient en place, en positionnant les bons vendeurs dédiés, en employant de nouveaux talents, en trouvant les bons profils pour ces divers rôles. Il fallait aussi créer de nouveaux catalogues de produits, concevoir, approvisionner, fixer des prix, cibler les clients, trouver les bons canaux de commercialisation et de gérer aussi le budget des ventes. Qu’en a-t-il a été avec ma région Asie du nord ? D’autres régions ont suivi nos processus et régulièrement. Nos normes ont été souvent reprises globalement. Le meilleur de tout cela : c’est que j’ai adoré mon temps avec Swarovski, tout : les gens avec qui j’ai travaillé, les heures folles, les produits, la marque, la responsabilité que j’ai eue et enfin l'impact de mon équipe au niveau mondial. Nous l’avons fait ! Je l’ai fait.

Vous aviez déjà beaucoup d’expérience avant de rejoindre IFA Paris. Qu'est-ce qui vous a fait penser que vous deviez rejoindre cette académie ? Et qu’avez-vous appris de plus dans ses murs ?

Sabrina Douglas-Jones : J’avais une carrière avant IFA Paris mais qui ne m’a pas conduit là où je voulais. J’essayais de savoir ce qui me motivait. Je savais dès lors que l’ajout de compétences et de connaissances serait la clé pour débloquer un potentiel de plus en moi-même. Je peux être très motivée par l’idée du succès mais les succès que je découvrais étaient trop abstraits. Ce processus m’a permis de mieux connaître mes points forts : je suis très collaborative et sais développer un réseau. J’avais aussi le désir de voir mon travail changer les choses jusqu’à l’utilisateur final ou client. Un tournant décisif a été l’entretien avec le cadre supérieur d’une grande entreprise allemande de vêtements qui trouvait mon profil « très intéressant mais pas assez pertinent pour être retenu dans le secteur de l'habillement. » Si je souhaitais travailler dans la chaîne d’approvisionnement de ce groupe, cela aurait pu être suffisant. Cependant, si je souhaitais travailler en première ligne, je devais changer quelque chose.

Projets réalisés à Shanghai par l’agence d’architecture et de design INDJ

Le MBA d’IFA Paris m’a permis de combler mon déficit de compétences et finalement d’aller dans la direction que je voulais. Le MBA Management de la Mode a renforcé mon réseau et m’a donné les bases de la mécanique de la mode, du marketing stratégique, de la psychologie du consommateur à la théorie du luxe. Les cours de Shanghai ont mis l’accent sur les marchés asiatiques, dynamiques et rapides. J’étais aussi maintenant dotée de connaissances générales mais aussi très spécifiques sur l’un des marchés les plus porteurs, celui de la Chine.

Après votre expérience dans le secteur du luxe, comment les choses ont-elles évolué? Racontez-nous aussi votre nouvelle vie d’entrepreneure !

Sabrina Douglas-Jones : Après Swarovski, mon mari et moi avons décidé de déménager en Nouvelle-Zélande pour une aventure nouvelle et différente. Nous voulions voir comment les choses se passeraient, de retour dans « le monde occidental » et voulions aussi fonder une famille. Des années plus tard, après être devenue maman d’un petit garçon plein d’énergie de 3 ans, et alors que nous sommes maintenant à la tête d’une entreprise, nous sommes de retour à Shanghai. Nous remettons les pieds en Chine pour de bon. En Nouvelle-Zélande, après 2014, nous avons créé deux sociétés. La première, SDJ Consultancy est un cabinet de conseil spécialisé sur la Chine pour les entreprises néo-zélandaises, de développement des affaires et de management du marché. Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités néo-zélandaises pour soutenir et développer cette voie commerciale très importante, de façon pertinente et efficace grâce aux canaux appropriés. Les clients avec lesquels nous travaillons sont par exemple l’Université d’Auckland ou Umbrellas Blunt.

Projets réalisés à Shanghai par l’agence d’architecture et de design INDJ

Avec mon agence, j’ai aussi collaboré avec The Icehouse (un cabinet de conseil financé par l’université et le gouvernement en faveur des PME néo-zélandaises) et en tant que coach commercial, j’ai reçu le prix Top Blog Post 2017. La deuxième entreprise est l’Atelier INDJ, un studio de design multidisciplinaire. Mon mari Ian est un designer dont l’expérience en architecture a donné au studio une solide réputation sur le marché asiatique – reconnu par Architectural Digest comme l’un des 100 architectes et designers les plus influents en Chine. Nous sommes en mesure de collaborer avec des marques prisées ainsi qu’avec des noms moins connus mais non moins formidables. Nous avons récemment commencé à travailler avec la société Greenland Group – listée dans le classement Fortune 500 – sur un certain nombre de projets résidentiels mixtes à grande échelle dans les villes de premier et de second rang.

Quel est votre rôle exactement dans cette nouvelle aventure ?

Sabrina Douglas-Jones : Exploiter deux studios entre Auckland et Shanghai nécessite un esprit d’entreprise et d’être adepte des conformités, de la fiscalité, des contrats, des meilleures pratiques commerciales, pour ne nommer que quelques sujets sur lesquels j’interviens. Le design est une solution à un problème donné et dans de nombreux cas, cela signifie d’être capable de penser latéralement et d’être assez agile pour anticiper ce problème, d’être en phase avec le lieu où l’on travaille, avec la culture aussi, face à des états d’esprit parfois très différents.

Sabrina Douglas-Jones

Bref, cela signifie d’être capable de s’adapter et d’agir avec rapidité. Être capable de changer de carrière grâce à IFA Paris m’a été extrêmement précieux, cela m’a prouvé que l’adaptation est la clé de la survie en tant qu’entrepreneure exploitant plusieurs sociétés. La somme de mon expérience à ce jour. Les compétences et les connaissances ont été aussi la clé en somme. À l’heure actuelle, nous sommes en train de planifier un projet pour Shanghai Fashion Week – le composant B2C de la célèbre B2B Shanghai Fashion Week. Pour la deuxième fois, nous aurons planifié, conçu et assisté la cérémonie de l'événement, sur plus de 3000 mètres carrés, au sein du Centre des expositions de Shanghai, sur Nanjing Xi Road. Nous avons aussi réalisé de nombreux projets dans la restauration, à travers la Chine, comme InfraRouge à Pékin, projet frère du Bar Rouge. Nous avons aussi plusieurs commandes directes pour des sculptures à grande échelle, et nous entreprenons ces temps-ci la conception de produits pour BMW Mini. Notre travail est donc vaste et varié et nous restons vigilants. Bien que nous soyons en mesure de gérer un studio à 10 000 kilomètres – grâce à la technologie et aux cinq heures d’avance –, être de retour sur le terrain devrait nous aider à passer à la vitesse supérieure. Nous avons repris un peu de confiance en nous en revenant en Chine tout en cultivant nos graines plantées en Nouvelle-Zélande, avec une croissance commerciale gérable qui honorera le travail acharné qui a été mené au fil des ans. Un dernier mot : nous développons notre équipe et cherchons toujours plus de talents pour soutenir nos deux entreprises. Alors à bon entendeur, s’il vous plaît contactez-nous !

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