Rencontre avec une alumni : Rebecca Dahrouge diplômée de la formation courte Fashion Studio
IFA Paris met un point d’honneur à épauler et suivre ses anciens étudiants, des talents qui se sont formés auprès des professeurs de l’école et qui ont poursuivi leurs parcours dans le milieu de la mode. Nous rencontrons aujourd’hui Rebecca Dahrouge, originaire du Liban, diplômé de la formation courte Fashion Studio où elle y a appris les compétences essentielles en stylisme et modélisme.
Quel est était votre parcours avant d’étudier à IFA Paris ?
J’ai été diplômée d’un master d’architecture, mais ma passion de la danse m’a poussé à m’intéresser plus à la conception des vêtements. Pendant mes études, j’ai reçu une machine à coudre et j’ai commencé à créer des vêtements sans avoir de formation. En 2012, j’ai lancé ma première collection en collaboration avec une textilerie de Beyrouth, je sentais que je pouvais faire plus alors j’ai décidé de me former sur le textile à Milan.
Qu’avez-vous fait à IFA Paris ?
Après avoir acquis des compétences dans le textile, je souhaitais me former dans la création de vêtements, j’ai trouvé l’école de mode IFA Paris qui propose un programme très condensé en anglais. J’ai suivi la formation courte Fashion Studio en 2018 avec Karine Spinner ensuite avec Marie Laurence Sapin, c’était une formation très intense et complète avec des professeures impliquées qui ne nous ont pas lâché pour réussir les projets. Quelqu’un qui sort de cette formation aura une vision générale de toutes les étapes de la création d’une collection : de la recherche, à la conception jusqu’au prototypage. J’ai vraiment touché à tout !
Et après IFA Paris ?
Une fois ma formation terminée à l’école, j’ai directement trouvé un emploi à Beyrouth dans une maison de semi-couture et prêt-à-porter, je possédais les connaissances pour être opérationnelle, j’ai assisté à toutes les étapes de la création des collections, et j’ai rapidement évolué en entreprise ! Mais l’idée de créer ma marque revenait souvent et après les explosions à Beyrouth, je suis revenue à Paris où j’ai essayé de trouver un emploi pour lequel IFA Paris m’a aidé dans mes recherches. J’ai ensuite postulé pour l’incubateur « The Wonders ».
Qu’est-ce que The Wonders ?
Entre mai et octobre 2022, j’ai participé à 12 masterclasses où lors de chacune d’elles, nous avions un défi à réaliser (moodboard, création de collection, sourcing, retroplanning, crowdfunding, business plan, pitch…). Nous étions au total 10 marques éco-responsable à participer à ces cours, et pendant ces 12 semaines, nous avons approché la mode d’une façon plus business que créative avec des coachs professionnelles telles que Yasmine la co-fondatrice de Rive Droite, Fatou, Claire de Conscious Fashion, et d’autres personnes du secteur de la mode. À la fin du parcours, nous devions présenter un défilé chez Sézane avec l’une de nos créations et le jury d’experts devait choisir une lauréate pour remporter une année de résidence au sein de la marque Sézane. C’est ma marque « contretemps » qui a gagné ! Ma résidence chez Sézane comprend une aide à 360 au sein de leurs bureaux sur plusieurs domaines comme : la logistique, le marketing, la production, la DA, etc. J’essaye toujours de réaliser ma vision et mes idées de façon aboutie, cela vient sûrement de mon côté architecte ! Durant mon expérience chez «The Wonders », j’ai appris à déléguer, à bien m’entourer, tout en essayant de développer des compétences pour savoir gérer ses équipes et aboutir à son objectif.
La veste à Quatre Temps
Pouvez-vous nous en dire plus sur « contretemps » ?
« contretemps », c’est l’histoire d’une femme active qui fait plusieurs choses dans la journée, elle prend son café, va au travail, à son cours de sport, se promène sous le soleil de Paris et finit sa journée à boire un verre entre copains. Les vêtements de « contretemps » sont des vêtements qui s’adapte à un rythme de vie, ils bougent, et se transforment, tout en étant confortable et stylé. Ma première pièce est une veste nommée « la veste à Quatre Temps », car elle se transforme de 4 façons différentes, pour s’adapter à la pluie ou au soleil. Menée d’un cordon coloré, elle s’offre le style “sportswear” qui est la signature de la marque. Le tissu employé est principalement produit à partir de plastique recyclé. “Contretemps” est avant tout un projet social puisque je travaille avec des artisans libanais qui ont perdu leurs emplois ou ont vu leurs talents dévalorisés par la monnaie locale alors qu’ils ont un merveilleux savoir-faire. J’essaye de leur redonner une place dans la société pour encourager la production libanaise ! Je collabore avec Beit Baraka à Beyrouth qui est l’équivalent des Resto du Cœur en France. Ils regroupent des artisans Libanais pour leur redonner de l’espoir. Pour l’instant « contretemps » est une marque qui va se lancer en mono-produit, dont la production sera faite entièrement au Liban.
Avez-vous un conseil pour les étudiants d’IFA Paris qui souhaiteraient lancer leurs marques ?
Avoir de l’expérience est très important avant de se lancer, il faut voir comment ça se passe de façon opérationnelle dans une marque, comme dans n’importe quel domaine l’expérience est essentielle, il faut être en contact avec le client comprendre ce que veut le marché. Quand on se lance au début, on prend tout personnellement, et on est rapidement déçu ! Apprenez donc de vos erreurs parce que c’est cela qui vous poussera plus loin ! C’est un monde très compétitif, il faudrait comprendre ses atouts et travailler sur ses faiblesses. Il faut persévérer, s’éduquer, s’inspirer en regardant des artistes ou d’autres domaines. Il faut se dépasser, car même si l’école offre un support solide, il faut savoir se démarquer. Pour réussir son lancement de marque, il faut un bon business plan et une étude de ce dont le marché a besoin. Un client se base par ordre sur 3 choses (d’après Yasmine Auquier Buron) : en premier le produit, ensuite le prix par rapport au marché et au final le storytelling !
Surtout faites ce que vous aimez et amusez-vous, le parcours est long mais passionnant !