Marche des fiertés 2022 : quand la mode soutient la cause LGBTQ
Publié le 07/06/2022
La Marche des fiertés LGBTQI+ de 2022 s’est tenue à Paris le 25 juin dernier, plus d’un demi-siècle après la première Lesbian & Gay Pride aux États-Unis. Comme chaque année, cette grande fête de la liberté a réjoui les amateurs de mode avec son défilé de styles excentriques et flamboyants. Mais quelles sont les revendications qui s’expriment à travers ce jeu des apparences ? La mode a-t-elle un rôle à jouer dans le soutien au mouvement homosexuel ? Mettons un coup de projecteur sur la place de la mode dans la culture LGBTQ.
La Lesbian & Gay Pride : revendications sociales et célébration de la liberté individuelle
53 ans se sont écoulés depuis les émeutes de New York qui ont amorcé l’éveil du militantisme gay et lesbien aux États-Unis. Le 28 juin 1969, alors qu’il est interdit de servir de l’alcool aux homosexuels, la police fait une descente dans le bar gay de Stonewall Inn à Greenwich Village. Pour la première fois, les clients se révoltent et entament plusieurs jours d’affrontements avec les forces de l’ordre.
Un an plus tard, en juin 1970, les premières marches homosexuelles sont organisées aux États-Unis pour commémorer l’évènement. Le mouvement s’étend progressivement et aujourd’hui, la Lesbian & Gay Pride réunit chaque année plusieurs millions de personnes à travers le monde.
1970 – Première Gay pride
La manifestation revendique le droit à vivre librement son orientation sexuelle. Selon le pays où elle se tient, cette revendication va de la dépénalisation de l’homosexualité à l’accès au mariage et à la parentalité. En France, la Marche des fiertés LGBTQI+ réclame l’égalité des droits entre les personnes hétérosexuelles et les personnes LGBTQ, dans un esprit de fête et de liberté.
« Cachez ce look que je ne saurais voir… »
Pour le grand public, la Marche des fiertés se caractérise par un défilé festif de looks souvent spectaculaires. Si certains participants s’illustrent à travers des tenues extravagantes, ce n’est pas par hasard : il s’agit ici plus qu’ailleurs d’affirmer sa singularité et de la célébrer publiquement pour éveiller les consciences.
Dans la communauté LGBTQ comme dans toute autre, la grande diversité des styles s’exprime à travers des codes vestimentaires. Cependant, assumer ces codes expose encore aujourd’hui à certains risques. Une enquête parue en 2018 pour la Fondation Jasmin Roy — Sophie Desmarais démontre que 28 % des personnes LGBTQ évitent de porter des tenues susceptibles d’indiquer leurs préférences sexuelles, par peur des agressions homophobes.
L’industrie de la mode a donc ici un rôle déterminant à jouer : elle peut célébrer l’esthétique de la culture LGBTQ, mais aussi contribuer à la normaliser.
La mode, miroir de la culture LGBTQ
Marche des fiertés
La haute couture s’est souvent inspirée de la culture LGBTQ pour lui exprimer son soutien. On se souvient du défilé Thierry Mugler de 1992, ouvert à Los Angeles par la célèbre drag queen Lypsinka, ou du défilé « Pin Up Boys » de Jean-Paul Gaultier en 1996.
Les créateurs de mode se sont parfois montrés plus militants, comme Karl Lagerfeld en 2013 : alors que la légalisation du mariage homosexuel fait encore débat en France, il fait sensation en clôturant son défilé Chanel avec deux mariées qui se tiennent la main.
Depuis quelques années, plusieurs marques de prêt-à-porter comme Gap ou The Kooples s’engagent plus concrètement à l’occasion de la Marche des fiertés. Elles sortent alors des collections dédiées affichant des slogans parfois très explicites, et reversent les recettes à des associations de soutien à la cause LGBTQ telles que The Trevor Project ou le GLAAD.
Au-delà de la mise en lumière des codes de la culture homosexuelle, la mode a un rôle fondamental à jouer dans l’émancipation des identités LGBTQ : les soutenir en les rendant visibles.