Interview avec Kamila Boudová, diplômée du Cycle Expert Fashion Business
Publié le 18/03/2017
Active entre Paris et Prague, interviewée par Forbes ou Cosmopolitan, Kamila Boudová, fondatrice de mouvement Moyomi et de la « Journée durable de la mode », par ailleurs coordinatrice de la campagne internationale « Fashion Revolution » pour la République tchèque et la Slovaquie, est toujours en mouvement.
Pourriez-vous vous présenter et préciser votre rôle de pionnière, dans votre pays, du mouvement pour une mode durable ?
Kamila Boudová : Je suis d'origine tchèque, mais au cours des huit dernières années, j’ai vécu en Allemagne, à Londres, en Tanzanie, à Shanghai et maintenant, me voici basée entre Paris et Prague. Aujourd'hui, je consacre la plupart de mon temps à la mode durable. Je suis la coordinatrice, en République Tchèque et en Slovaquie, de la campagne internationale « Fashion Revolution. » Je coordonne des ateliers sur les affaires de la mode et le marketing stratégique pour les étudiants, soutiens les marques locales et avec mon équipe, on organise la « Journée de la mode durable » avec des pop-up stores de trente marques durables et beaucoup d’ateliers se tenant pendant la Mercedez-Benz Fashion Week de Prague.
Kamila Boudová
Comment avez-vous rejoint la scène mode tchèque et slovaque ?
Kamila Boudová : Après être revenue de Shanghai, j’ai fait un court séjour à Prague. Je me suis rapprochée de la Mercedez-Benz Fashion Week de Prague avec la proposition de monter un séminaire sur la mode durable au sein de leur programme, et les organisateurs ont accepté. Peu de temps après, j’ai débuté une collaboration avec des universités. J’ai enseigné les affaires, le marketing et le développement de produits. Il y avait beaucoup de demandes et j’ai commencé mes propres ateliers pour le public et de nos jours, je travaille en ligne. Je consulte les créateurs, je lie les gens entre eux…
Quand et comment avez-vous décidé de rejoindre IFA Paris et en quoi vos études dans cette école ont-elles été précieuses ?
Kamila Boudová : Après mon Bachelor Stylisme & Modélisme et deux ans en tant que professionnelle travaillant dans le développement de produits, j’avais perdu toutes mes illusions sur le travail des designers. J’ai alors voulu en savoir plus sur l’entreprise et le monde des affaires. C’est alors que j’ai intégré IFA Paris ou j’ai suivi le Cycle Expert Fashion Business. Depuis, pas un jour ne passe sans que j’utilise mes connaissances acquises au sein de l’école. Après mes études, je n’ai rejoint aucune entreprise. J’ai d’abord travaillé dans l’éducation et ai lentement développé mon propre projet. Depuis, j’utilise toutes les connaissances acquises durant mes études. Et en tant qu’entrepreneure aujourd’hui, avec le recul, je dois dire que j’ai apprécié les cours sur la négociation, le marketing stratégique et l’esprit d’entreprise. Mes études à IFA Paris m’ont permis de développer mes connaissances sur la mode durable.
Vous avez créé Moyomi, plateforme destinée aux créateurs tchèques et au public, ainsi qu’à l’enseignement du marketing et de la durabilité. Le nom semble avoir une consonance japonaise...
Kamila Boudová : Désolée de vous décevoir, car c’est un mélange de deux dialectes africains, le swahili et le yoruba, signifiant « mon propre cœur. » Je perçois ce projet et ce que je fais comme la mission de ma vie et travaille vraiment de tout mon cœur. Je ressens le fait que mes tâches quotidiennes sont emplies d’amour pour la nature et de dévouement pour l’humanité. Avec l’impression d’offrir une véritable valeur à mes clients et aux étudiants, ainsi que des possibilités d’emploi significatives.
Pourquoi la durabilité de la mode et l’éthique dans ce secteur sont-elles les valeurs les plus fortes dans votre travail ?
Kamila Boudová : Je cherchais un sens à ma vie. Je pense que dans le début de nos études et de la vie professionnelle, nous sommes tous encore beaucoup influencés par nos parents et leurs attentes. Je dois dire que j’ai eu la chance que mes parents me soutiennent dans mes choix. J’ai étudié le design, j’ai travaillé dans l’industrie de la mode, ai obtenu un MBA en Fashion Business. Et avec mes expériences, j’ai réalisé que cette industrie de masse n’avait rien à voir avec mes valeurs, que depuis deux ans, j’étais incroyablement ignorante, car je préférais les vêtements bon marché et faire carrière dans un monde fantaisiste plutôt que de m’occuper de la santé de cette planète et de millions de personnes. Mon MBA en poche, sur une feuille blanche posée devant moi, j’ai écrit quelques mots et pris une décision. J’ai décidé de faire partie de la solution, plus du problème. J’ai rejoint la foule croissante de professionnels travaillant pour cette révolution si nécessaire dans l’industrie de la mode. Saviez-vous que le secteur de la mode est le second pollueur après le pétrole ? On l’associe aussi à des mots comme « esclavage moderne » ou « travail forcé ». Cela ne peut être une réalité acceptable pour moi.
Brainstorming avec Kamila Boudová (à droite)
Vous avez également beaucoup écrit et êtes intervenue dans diverses conférences, séminaires et ateliers. Une révolution est-elle vraiment imminente, selon vous, dans l’industrie de la mode ?
Kamila Boudová : Je dirais davantage que je sens monter lentement le tsunami... Je sens que la cause avance personne par personne. Quelque part, on entend quelqu’un dire soudain, par exemple : « Comment se fait-il qu’on paie plus pour manger que pour s’habiller ? » Ou bien, comme beaucoup de femmes, aujourd’hui : « Ma garde-robe est pleine mais j’ai toujours l’impression de n’avoir rien à me mettre ! » Une fois que les gens se rendent compte que le système de ventes promotionnelles et des mannequins maigres est trompeur, cela les rend moins heureux et ils nous rejoignent. Ils ont envie de participer à la révolution de la mode en cours.
Vous avez lancé votre propre événement pop-up, la « Sustainability Fashion Day. » Avec quels objectifs ?
Kamila Boudová : Comme on l’a dit, j’ai beaucoup parlé de l’industrie de la mode et de son impact sur la santé de la planète et de notre écosystème, y compris sur les humains. J’ai parlé de toutes les horreurs de l’industrie de la mode, mais ce que je veux vraiment faire, c’est parler de la mode durable, des solutions. Cette « Journée de la mode durable » est la manifestation de mon discours. Nous avons réuni un portfolio de marques durables produisant des vêtements, accessoires et cosmétiques beaux, sains et abordables, invitant les gens à découvrir l’application des principes que nous défendons dans leur garde-robe. Nos ateliers apportent des informations, des expériences nouvelles. Et on constate que l’intérêt des clients pour la mode durable augmente à chaque saison !