La fluidité des genres est-elle une nouvelle mode ?
On voudrait nous faire croire que la fluidité des genres est LE nouveau courant décelé récemment par les sociologues. Pas si sûr... Quid de Coco Chanel et sa coupe garçonne dans les années 20 ? Des tailleurs pantalons d’Yves Saint Laurent durant les années 70, ou du kilt écossais de Jean Paul Gaultier dans les années 80 ?
On voudrait nous faire croire que la fluidité des genres est LE nouveau courant décelé récemment par les sociologues. Pas si sûr... Quid de Coco Chanel et sa coupe garçonne dans les années 20 ? Des tailleurs pantalons d’Yves Saint Laurent durant les années 70, ou du kilt écossais de Jean Paul Gaultier dans les années 80 ?
Le style « No Gender » a toujours existé dans la mode et avec lui une certaine confusion et de nombreuses interrogations. Ce qui est plus nouveau, c’est la médiatisation qui est faite autour de ce phénomène. IFA Paris, en tant qu’institution de mode, s’est à son tour questionné sur cette tendance qui oscille entre outil marketing pour les uns et véritable philosophie pour les autres…
La mode s’affranchit de cette distinction homme-femme, pour laisser place à des marqueurs unisexes qui n’ont jamais été aussi présents. Du prêt à porter (H&M, Zara) à la haute couture (John Galliano chez Margiella ou encore Vuitton, Gucci ou Givenchy), difficile de passer outre.
Si de nombreuses marques ont déjà succombé à cette vague du « Neutral Gender » c’est qu’elle répond à la demande d’une société en pleine mutation. Le genre est étroitement associé aux bouleversements politiques, sociaux et économiques des 20 et 21 ème siècle, qui ont modifié la partie la plus intime de l’être humain : l’identité. Actions féministes, revendications LGBT, naissance des générations X Y ou Z, autant de communautés qui ont permis d’ouvrir la réflexion sur les différents « MOI identitaires » et remis en question des codes établis depuis trop longtemps. Mais pourquoi vouloir absolument différencier les individus par leur sexe?
Le vêtement est un langage à forte fonction symbolique, qui est aussi l’archétype des combats, des idées. Le Neutral gender n’est-il pas finalement l’allégorie de la liberté, le droit de porter ce que l’on veut, quand on veut, quelles que soient les normes?
Par opportunisme économique, certaines marques se sont donc adaptées aux envies de la génération Millénial, désireuse de ne placer aucune frontière entre hommes et femmes, et revendicative du droit d’appartenance au seul genre humain. Sans distinction aucune. Si les produits non genrés fondent leur existence sur un phénomène sociétal, ils sont également un argument marketing et pied de nez aux produits assujettis à la dite « pink tax ». No gender, no taxes, but always business*…
D’autres, ont la volonté de soutenir un système novateur en décloisonnant au maximum le rapport du consommateur au vêtement. Par conviction, ils ont entrepris de créer des pièces neutres pour tous et de désexualiser la mode. Des marques exclusivement unisexes qui déconstruisent les stéréotypes des genres. Rad Hourani, VEEA, One DNA entres autres marques, s’emploient à développer une pensée qui tend à dépasser les normes, les habitudes, les représentations binaires évidentes...et elles trouvent leur public !
Quelles que soient les motivations des clients finaux, le style « Neutral gender » n’est peut-être pas si neutre qu’il y parait. Ne résulte-t-il pas simplement d’un désir d’appartenance à une identité qui ne soit pas source d’inquiétude? Marques et créateurs confidentiels ne font que répondre à cette demande bien réelle des consommateurs…
*Pas de genre, pas de taxe, mais toujours le business